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lundi 24 septembre 2012

Selon Marc Faber, les États-Unis partiront en guerre pour faire oublier leurs problèmes



LE FIGARO BOURSE - Marc Faber, vous êtes surnommé «docteur Doom» pour vos prises de positions pessimistes, et à lire la presse financière anglo-saxonne vous êtes une figure en matière d’investissement pour avoir notamment conseillé à vos clients de sortir du marché avant le crash de 1987, d’acheter de l’or en 2001 ou encore d’avoir annoncé début 2007 une sévère correction des indices. Peut-on vous qualifier de gourou des marchés?
Marc Faber – Cela je suis mal placé pour le dire: pour quelqu’un qui affirme que les fluctuations des marchés sont, par essence, imprévisibles, l’étiquette de «gourou» ne me met pas particulièrement à l’aise. Cela étant, je travaille dans le domaine de l’investissement depuis quarante ans et ce que je m’efforce de faire, c’est de traduire les développements économiques et politiques en une stratégie d’investissement pour donner lieu à des investissements fructueux. N’importe qui aujourd’hui peut obtenir toute l’information souhaitable ; mais c’est l’interprétation des informations qui est difficile. Et je dois dire que la difficulté s’est accrue au fil des années en raison des manipulations fiscales et monétaires que pratiquent les gouvernements de par le monde…
 Vous pensez au QE3 de la Fed et au programme OMT détaillé par la BCE?
Effectivement, ce sont des exemples de manipulation de taux d’intérêt, et des déficits fiscaux, il y a aussi le recours à des législations biaisées, dont on peut faire reproche en particulier aux États-Unis de la part du gouvernement Obama. Je scrute en permanence les grandes tendances historiques, sociales et économiques mais je dois dire qu’aujourd’hui, réfléchir à la valeur des différents actifs demande de passer beaucoup de temps à analyser les politiques gouvernementales.
 Ainsi aujourd’hui, il est difficile de nier que l’économie mondiale ralentit ; et pourtant les marchés progressent, pour de nombreuses raisons dont la politique d’expansion monétaire.
Je suppose que même si vous faites tourner sans arrêt la planche à billet, à un certain point l’argent ne va pas forcément atterrir sur les actifs que vous souhaitez. La Fed peut ouvrir les vannes, mais il lui est difficile de déterminer dans quelle direction l’argent va couler. Certains actifs vont s’envoler, d’autres pas… De 1996 à 2000, c’étaient les fameuses TMT. De 2001 à 2006 l’immobilier en a été le bénéficiaire, en 2008 les matières premières, plus récemment les titres des économies émergentes…
 Lesquels faut-il privilégier à votre avis?
Si vous achetiez des titres du NASDAQ qui montaient quelle que soit les multiples de valorisation vous étiez un génie dans les années 1990 – jusqu’à ce que la bulle éclate. Idem avec l’immobilier américain jusqu’aux subprimes etc. En revanche une bonne idée durable, pendant tout ce temps, c’était l’or. Quelle sera la prochaine catégorie à bénéficier de l’afflux de liquidités, personne ne peut le dire avec 100 % de certitude. Ce que je sais c’est que de toute évidence les obligations d’Etat et le cash ne sont pas attrayants ; tout simplement parce que le coût de la vie dépasse le taux d’intérêt que vous en obtiendriez.
Il reste donc les actions, l’immobilier, les métaux et certaines matières premières… Aujourd’hui je crois fermement qu’il faut détenir des actions des marchés développés européens. Le S & P 500 américain est deux fois plus haut qu’en 2009 alors que bien des actions sur les marchés français, portugais, espagnol etc. sont encore en deçà de leurs planchers de 2009. La surperformance des actions américaines est énorme, la divergence est appelée à se réduire. La valorisation des indices européens a certes déjà rebondi depuis l’été et pourrait connaître une correction, néanmoins que je crois que le niveau où elles étaient tombées en juin dernier constitue un plancher solide. Aussi, pour la première fois de ma vie, ai-je acheté ces derniers mois des actions européennes…
 Avez-vous recherché des titres de sociétés européennes présentant une forte exposition à la croissance des marchés émergents?
Pas vraiment: vous n’ignorez pas que je vis et investis en Asie depuis quarante ans, je n’ai pas besoin de passer par un véhicule européen pour cela… Si je veux de la croissance émergente, je préfère y accéder directement. En Europe je me suis notamment intéressé aux secteurs des télécoms et des services aux collectivités.
 Difficile de faire plus «contrariant»…
Peut être ; mais je me moque de ce que font les autres ; je n’ai personne à séduire et je n’ai pratiquement pas pris de nouveaux clients depuis une douzaine d’années. Je m’efforce de mettre en garde les investisseurs lorsque j’estime que certains investissements sont devenus consensuels et donc fortement valorisés et par conséquents risqués ; en cherchant des opportunités qu’on trouve dans des marchés déprimés et mal-aimés. Pas que j’estime qu’il n’y a pas de salut en dehors de l’approche value, mais acheter à de faibles ratios (capitalisation/valeur comptable, capitalisation/chiffre d’affaires etc.) des entreprises capables de produire durablement d’importants dividendes est un concept statistiquement éprouvé à long terme – et je ne parle pas d’un horizon de quelques années seulement.
La performance des hedge funds a beaucoup déçu ces dernières années: sont-ils moins bien gérés, leurs dirigeants moins intelligents? Je ne le crois pas mais les clients vérifient la performance à un rythme hebdomadaire, perdent patience et rachètent leurs parts, cela crée une pression préjudiciable à la performance. En Europe ou aux États-Unis on m’affirme que la stratégie «buy & hold» (acheter et conserver) est finie mais en Asie beaucoup de gérants s’y tiennent et affichent de bonnes performances. Pour ma part je suis très content de n’avoir jamais cherché à faire de coups. Je me félicite d’avoir acheté de l’or en quantité à 300 dollars l’once et de l’avoir conservé depuis. Si j’avais essayé de multiplier les allers-retours aurai-je gagné? Ou au contraire multiplié les erreurs de timing? La durée moyenne de rotation des portefeuilles s’est beaucoup réduite, cela montre que les investisseurs sont moins patients et moins disciplinés: ils ne se tiennent pas à leur analyse.
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